De l'illettrisme à la lecture des émotions : un long chemin !
Ce processus montre le chemin à parcourir pour passer de l'illettrisme des émotions à l'intelligence du coeur (ce ne sont pas des définitions de personnalités mais des étapes, certains y restent bloqués un temps, d'autres toute une vie)
L'anesthésie
On est "blindé", un mur nous sépare de nos émotions, aucune émotion ne parvient à notre conscience, ni même de sensation particulière. On voit les événements sans en être affecté, ni en positif, ni en négatif. Il s'agit de refoulement, ou de déni, et pas d'une excellente maîtrise de soi même ou d'un détachement qui peut passer pour de la sagesse. En réalité, ces personnes sont déconnectées d'elles mêmes (et des autres), et pas fortes. Certains n'ont pas conscience de réprimer, ils fument, boivent, se rongent les ongles, achètent... s'absorbent dans un comportement compulsif qui leur permet d'éviter l'émotion. Ils ne savent pas / ne veulent pas savoir que quelque chose se déroule en eux, ils s'anesthésient.
Perception de sensations diffuses
Sortant de l'anesthésie, la personne perçoit des sensations, mais ne les relie pas à une expérience émotionnelle. Les sensations sont vécues comme isolées, comme si elles ne nous appartenaient pas. Certains se focalisent sur leurs sensations diffuses (frissons, picotements...) et utilisent cette focalisation là dessus, pour ne pas prendre conscience de l'émotion qui les provoque.
Expérience émotionnelle chaotique
Les émotions émergent la personne, l'envahissent, la débordent. Dans le langage courant, on parle de personnes "émotives", elles sont envahies de turbulences émotionnelles sans pouvoir les nommer ou en identifier les causes. Les émotions restent alors plus inhibitrices que bénéfiques. Le passé fait irruption sans crier gare. Les émotions sont rarement réactives à l'instant présent, elles sont des élastiques, des collections de timbres, des projections ou des substitutions... des sentiments parasites, dysfonctionnels. (j'expliquerai plus loin ce que sont ces dernières notions)
Identification
la verbalisation est le processus qui va permettre d'identifier de différencier d'organiser les affects et de mettre de l'ordre dans le vécu intérieur. On n'est plus englué dans l'émotion quand on la nomme. Mettre du mot, c'est mettre du sens à une émotion en commençant à la regarder. Nos émotions peuvent alors nous permettre de participer à la construction de nos relations à autrui, à ne plus les laisser nous diriger inconsciemment. Identifier permet de distinguer d'une part les émotions réactives à exprimer et d'autre part les sentiments parasites et dysfonctionnels dont déclencheurs et causes profondes sont à élucider.
Causalité
Quand nos émois sont disproportionnés ou inadaptés aux situations, les causes sont alors à rechercher dans le passé proche ou lointains.
Empathie
la compréhension de nos émotions mène à la compréhension des émotions d'autrui. Empathie pour soi, pour celui qu'on a été et empathie pour les autres. L'empathie est une écoute sans jugement, sans excuse non plus. Quand on a peu conscience de ses émotions, on est porté à l'égocentrisme. On nie aux autres le droit d'agir en fonction de leur vécu personnel et nous interprétons leurs comportements comme dirigés vers nous. L'empathie nécessite de se décentrer de soi même. Se connaître s'accepter soi même dans ses émotions est fondamental pour permettre à autrui de s'exprimer dans sa vérité, de rire, pleurer et crier sans chercher à le calmer à tout prix. Après le voyage à l'intérieur de soi, la subtilité des émotions d'autrui devient plus lisible et le respect pour ses sentiments devient naturel. Quand quelqu'un se montre désagréable, il le fait fréquemment en toute inconscience, par peur, par défense, le plus souvent il n'imagine pas votre souffrance.
Interactivité
Quand on prend conscience de la réalité affective d'autrui, nous mesurons l'impact de nos gestes, paroles et attitudes envers lui. En développant notre empathie, nous accédons à l'interdépendance, condition d'une véritable autonomie.